Interview Serge BENSIMON

Cette semaine, place à un interview d’une personnalité hors du commun, celle de Serge BENSIMON ! A l’occasion du lancement d’une collaboration inédite entre Bensimon et Kulte, le célèbre créateur, a accepté de répondre à quelques-unes de nos questions.


Bonjour Serge, c’est un immense honneur que vous nous faites aujourd’hui. Nous aurions pu vous poser 10000 questions, mais pour débuter cet entretien, comment ne pas vous parler du plus culte de vos produits, La Tennis Bensimon…

Le vintage et la couleur c’est votre leitmotiv. Pourquoi ? 

 

A la base, mon grand-père était fripier et mon père a développé sa société dans l’importation de surplus militaire. J’ai toujours baigné dans ce que l’on appelle aujourd’hui la culture de la mode vintage. Lorsqu’avec mon frère nous avons créé la marque Bensimon dans les années 80, notre création s’inspirait de cette mouvance. Créer des produits basiques dans des matières qui traversent le temps. Nous avons aussi décidé de ne jamais faire de noir. C’est comme cela que la couleur est devenue notre marque de fabrique.

 

Les produits dit vintage sont des pièces très fortes en principe, évocatrices de souvenirs et de bons moments. La tennis Bensimon peut être considérée comme telle aujourd’hui, cela doit être une grande fierté pour le chineur que vous avez toujours été ? 

La tennis c’est un peu comme une madeleine de Proust ! D’ailleurs on l’appelle la Bensimon. Elle touche aujourd’hui presque 4 générations et se transmet de génération en génération. Donc oui, c’est un produit iconique qui résonne dans le paysage de la mode française.

Quand vous avez déniché il y a presque 40 ans ce surplus militaire de tennis blanches, aviez-vous conscience à cet instant de l’aspect intemporel qu’aurait votre création ?


Lorsque mon père a trouvé ce stock de tennis de gymnastique de l’armée française, il y en avait tant, qu’il fallait que nous trouvions une idée pour écouler le stock au plus vite. J’ai alors pensé à les teindre et c’était déjà un travail de recherche puisqu’il fallait trouver un moyen de teindre le tissu en épargnant la semelle. Elles se sont vendues comme des petits pains ! Ce succès nous a donné l’idée de créer un modèle qui s’en inspire. Ainsi est née la Bensimon. De même pour les vêtements, je retravaillais des pièces iconiques de l’armée pour en faire des pièces « mode ». La presse s’y est intéressée de plus près, les premières parutions dans le Elle, le madame Figaro, Cosmo, Marie Claire sont sorties début 80’ et la tennis a commencé son ascension. Je me souviens, les journalistes venaient chercher ces pièces uniques dans notre boutique de surplus au Kremlin Bicêtre.

Dans sa conception originale, cette tennis n’était donc pas un produit de mode, mais une chaussure qui trouvait raison d’exister dans son aspect pratique ?


De même que pour le vêtement, ce qui m’a toujours intéressé dans mon métier c’est de retravailler des pièces fortes : la tennis mais aussi les sahariennes, les chinos, les shorts des armées du monde entier, les bombers. C’était un peu du recyclage et du DIY avant l’heure !

 

Cela nous renvoi à Coco Chanel, qui avait cette philosophie de praticité dans le vêtement, philosophie qu’elle a érigé en véritable devise tout au long de son œuvre, y a-t-il chez vous cette même volonté consciente ?


Comme le disait Coco Chanel, je pense que la mode n’a d’existence que lorsqu’elle descend dans la rue.



Il y a un contraste très intéressant entre la vocation initiale de ces produits, et leur design actuel parfois très coloré et synonyme de légèreté, de simplicité, de confort. Etait-ce cet état d’esprit candide qui dominait chez vous lorsque vous les avez conçus ?

Justement à cette époque, n’oublions pas que nous sommes dans les années 70 - post Mai 68 -, ce qui était intéressant c’est que les gens qui venaient chercher les produits militaires chez nous (nous étions le distributeur officiel de surplus en France), revendiquaient tout l’inverse de ce que représente la guerre. Il y avait cette tendance « Peace and love » qui dominait. Et ensuite la presse s’est emparée du phénomène et a rendu publique Bensimon.
Et d’une manière générale, le surplus a toujours été une inspiration pour les créateurs de mode.
D’ailleurs, ils venaient chez nous chercher ces pièces cultes !

 

Aujourd’hui Bensimon est très active d’un point de vue culturel, ce qui rend la marque indissociable d’une mode à la française. C’est un nom qui nous renvoie au savoir vivre et à la culture française, et c’est une idée encore plus forte à l’étranger. Ainsi, selon vous, quel rôle a donc à jouer une institution telle que Bensimon dans la culture que nous écrivons et exportons chaque jour ?

Bensimon a toujours défendu un art de vivre. De mes voyages et de mes rencontres, j’ai eu ce sentiment qu’il fallait partager avec nos inconditionnels ce goût de la découverte, au-delà de la mode. Nous avons ouvert une première boutique de prêt-à-porter en 1986 et très vite en 1989, nous avons inauguré ce que l’on appelle aujourd’hui un concept-store, un lieu atypique à l’époque, mélange de mode et de décoration. J’ai toujours été sensible à l’art et c’est pour cela qu’en 2009, j’ai décidé d’ouvrir ma galerie de design.
Mettre en avant la jeune création est selon moi une manière de montrer que la mode ne s’arrête pas aux frontières du textile.



Vous avez-vous-même dessiné le motif décliné sur les 4 produits de notre collection capsule, fruit d’une collaboration entre Bensimon et Kulte, pouvez-vous nous en dire plus sur ce fameux cactus ?

Lors de mon voyage au Mexique je suis tombé amoureux des couleurs et de la multiplicité de cactus que l’on peut y découvrir. D’ailleurs, je les collectionne dans mon show-room, chez moi, partout ! L’envie du moment tout simplement.



Selon vous, qu’est ce qui fait qu’un objet deviendra un objet culte ?

Un objet devient culte parce qu’il traverse les générations. Il fait partie de notre culture.
Impressionnant, lorsque les touristes viennent acheter nos tennis dans les boutiques, ils en prennent pour toute la famille, du beige, au rose en passant par le kaki, comme un souvenir. Je dirais même qu’un objet culte traverse les frontières.

 

Kulte fête cette année ses 20 ans, au-delà d’un univers créatif et coloré qui unit nos deux noms, qu’est ce que vous évoque Kulte ?


Pour moi, la marque Kulte a un côté très urbain, et graphique. Elle représente le Vintage revisité, et comme notre tennis fête bientôt ses 40 ans, c’était l’occasion de nous réunir !

 

Pour finir, pourriez-vous nous donner une citation qui vous représente ?


« L’avenir appartient à ceux qui croient en la beauté de leurs rêves » Eléanor ROOSEVELT

 

Dans ces pastilles culturelles que nous proposons à nos lecteurs, nous aimons mettre en avant les inspirations et références des personnalités que l’on interroge, de ce fait, pouvez-vous nous parler de…

 

Votre artiste Kulte ?

 

Jaume Plensa, mon ami catalan sculpteur

Votre vêtement Kulte ?

Mon cardigan et mon écharpe en cachemire, indissociables été comme hiver

 

Votre chanson Kulte ?

 

« You’ve got a Friend » de James Taylor

 

Votre film Kulte ? “Out of Africa”

Un conseil pour de jeunes créateurs qui vous liraient ?

 

N’écoutez personne, suivez votre instinct !

 

Retrouvez la collaboration exceptionnelle Kulte X Bensimon sur le e-shop onglet Capsule.